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Yo les PowAgendas !

J'espère que tout le monde a passé des fêtes de fin d'année pas trop médiocres (si vous suivez notre compte insta (suivez le), vous avez pu attester de la médiocrité de mon réveillon mais passons (d'ailleurs si vous avez des bingos à nous envoyer on est impatient.e.s)) !
Pour ce premier numéro de 2022, il n'y a que 2 articles mais leur qualité ravira vos papilles assoiffées de savoir queer : Aujourd'hui Le drag ! Apprenez tout (ou presque) sur cet art merveilleux dans cet article signé Vyau ! En deuxième article un petit clin d'oeil au défilé de la Saint-Nicolas (VIVE NANCY ! VIVE LA FIF ! )
Bonne lecture !

-Le Drag-

Petits rappels de définitions pour commencer, ça fait pas de mal !
Genre : catégorisation sociale de l'identité de genre. Dans la société actuelle, cette bi catégorisation est essentiellement hiérarchisée entre masculin et féminin
Identité de genre : ce que l'on ressent, que l'on exprime, quand à notre genre. Et oui, notre identité se base sur ce que l'on ressent, et pas sur ce qu'on a entre les jambes !
Expression de genre : manière dont on exprime son genre par son apparence, sa gestuelle, ses interactions avec les autres... Elle peut être différente de notre identité de genre, typiquement dans le cas d'une personne trans dans le placard, ou bien comme ici, quand une personne fait du drag

Mais du coup, c'est quoi le drag ?

Le drag, c'est tout un art. C'est une performance : de genre d'abord. La personne choisie un genre qu'elle souhaite performer, puis elle modifie son apparence physique (maquillage, perruques, scotch... (vous n'êtes pas prêt.e.s pour le tucking)) et son attitude (voix, gestes...) pour les faire correspondre au genre qu'elle a choisi. Ensuite c'est une performance, car il y a une notion de spectacle derrière, que ce soit dès les commencements dans des représentations de cabaret, ou bien aujourd'hui sur Netflix dans une émission de télé.

On modifie son apparence, comme quand une personne trans transitionne ?

Et non, drag et transition sont très différent ! Une personne trans transitionne pour accorder son expression de genre à son identité (changement de prénom, traitement hormonal, chirurgie... ). L'identité de genre d'un.e drag peut être totalement différente de ce qu'elle choisit de performer ! On a ainsi des femmes et des hommes cis, trans, ou bien des personnes non-binaires, qui ont des personnages de drag queen, de drag king, ou d'êtres célestes et indéfinissables tellement iels éclatent toutes les frontières du genre.

Attends, drag queen je connais,
mais drag king ?

Les drag queens ne sont que la partie émergée de l'iceberg, notamment grâce à la forte médiatisation amenée pour le grand public par Rupaul's Drag Race, une émission américaine qui est globalement un Top Chef mais avec des drag queens. Les queens sont des personnages plutôt féminin. Il existe aussi des personnages masculins, que l'on appelle les kings. Et tout plein de choses entre les deux, car rappelons que le genre n'est pas un joli spectre entre deux pôles mais plutôt un gros sac de nœuds dans lequel chacun.e essaye de piocher (ou pas) quelque chose qui lui convient.

Mais pourquoi font-iel-ça ?
Pourquoi se mettre de la colle Uhu sur les sourcils, se péter les pieds dans des chaussures plateformes, et porter des perruques de 50cm de haut ?

En écoutant les témoignages de personnes faisant du drag, ce qui revient le plus, c'est le côté libérateur. On nous enferme tellement dans notre petite boîte dès l'enfance, et la moindre incartade coûte si cher, que d'avoir un lieu où l'on peut faire ce que l'on veut, ce qu'on nous interdit, est très important. Par exemple, beaucoup de personnes assignées homme à la naissance se réapproprient les codes féminins pour lesquels iels ont été harcelés. Pour les personnes assignées femme, il peut s'agir d'adopter des postures qui les mettraient dans la case "femme de petite vertu". Bref, contre la rigidité cishet, faites du drag !

Car oui, si il y a bien un truc qui énerve la société cishétéro, c'est qu'on sorte de nos petites boîtes. Et c'est mieux si une boîte est rose et l'autre bleue. Chaque transgression est punie. C'est selon moi (je réfléchis beaucoup à la sauciaité) la racine de l'homophobie : en aimant une personne de notre genre, on sort de notre rôle défini, et ça, ça énerve beaucoup la norme cishétéro. Le drag donc. Un truc où tu ECLATES ta boîte. C'est fondamentalement politique, car ça s'oppose à la norme. En plus, pendant leur spectacle, les drags disposent d'une plateforme où on les écoute, où elles peuvent faire résonner leur voix. Beaucoup en profitent donc pour faire passer des messages politiques, pour transmettre l'histoire de la communauté LGBTQ+... Ainsi gros cœur sur Marsha P. Johnson et Sylvia Riveira, deux femmes racisées, trans, drag queens, travailleuses du sexe et handicapée pour Marsha, qui ont participé aux émeutes de Stonewall.

On parle souvent de la famille de cœur dans la communauté LGBTQ+ : c'est les personnes que l'on rencontre au cours de notre vie, et qui comptent tellement pour nous, car elles nous aiment inconditionnellement, choses que trop de familles de sang arrêtent de faire quand elles découvrent que leur enfant n'est pas cishétéro. Dans le drag, on retrouve beaucoup cette idée de famille, avec un.e parent.e drag qui va initier son "enfant", lui apprendre à se maquiller, lui donner des astuces... Cette pratique a tendance à se perdre, car internet aide à apprendre, et de plus en plus de personnes se lancent dans le drag chez elle.eux, donc avec une connexion moins forte à la communauté.

Comment on genre les drag ?

C compliké. La plupart du temps on les genre dans les pronoms du genre qu'iels présentent en drag, et dans leurs pronoms de préférence lorsqu'iels sont hors drag. En cas de doute, il faut demander !

Bon ça fait une ou deux fois que j'évoque Rupaul's Drag Race, qui est un peu un incontournable du drag. C'est comme ça que j'ai découvert cet art, et c'est aussi le cas de beaucoup de monde. L'émission a été lancée en 2009, elle est présentée par RuPaul, une drag queen américaine. Il y a 13 saisons, sans compter les saisons All Star et les différentes déclinaisons à l'international. Elle a grandement transformé le monde du drag, en le faisant passer d'un art underground accueillant principalement un public LGBTQ+, à un grand divertissement suivi par plus d'un million de téléspectateurs par semaine lors de la saison 12. L'émission a boosté la carrière des participantes, qui sont pour certaines devenues des superstars. Elle a permis à de nombreuses jeunes (et moins jeunes) personnes LGBTQ+ de se sentir représentées à l'écran, de découvrir des modèles positifs. L'émission aborde aussi, lors de séquences émotions, des sujets assez lourds et peu mis en avant à la télé : le VIH, la dépression, le harcèlement, l'alcoolisme, le racisme... En France, la série a été diffusée à partir de 2016 sur Netflix. La drag queen Minima Jesté explique dans une interview pour France TV Slash que suite à cela, le drag en France est lui aussi sorti de l'underground : plus de public, avec plus de personnes cishétéros, plus de booking, plus de personnes se lançant dans le drag...
Je vous en ai déjà parlé : j'adore RuPaul's Drag Race. Il y a quand même quelques petits détails qui me chiffonnent, surtout quand je regarde des saisons un peu anciennes. D'abord, RuPaul a eu un certain nombre de propos transphobes, notamment dans une interview avec The Guardian où il a déclaré que le drag fait par des personnes "biologiquement femmes" (femmes cis et trans post transition) n'avait pas le même côté transgressif. De tels propos, venant de quelqu'un qui, pour beaucoup, représente le visage du drag, restreignent la vision qu'a le grand public de la communauté drag en en excluant des participant.e.s qui ont toujours été là. Déjà que l'émission passe totalement sous silence les drag kings ! Globalement, avant la saison 7-8, ce qui était valorisé, c'était de faire du drag très féminin, ressembler à "une vraie femme". Certaines participantes ont reçu des commentaires négatifs après avoir présenté des personnages plus androgynes, s'être mis en king ou tout simplement pour avoir porté un pantalon pendant un défilé ! Heureusement, depuis les juges ont évolué, et le genderfuck (androgynisme) est beaucoup plus présent dans les défilés, pour mon plus grand bonheur. L'émission accorde aussi plus de temps d'expression aux participantes non binaires, qui ont toujours été là mais qui étaient invisibilisées jusqu'à la saison 12. En saison 8, Peppermint a été la première femme trans a participer ouvertement, et dans la saison 13, Gottmik a été le premier homme trans. Donc on est plutôt sur la bonne voie !
Drag Race a toujours fait participer un grand nombre de personnes noires, latino-américaines, et asiatiques. Dans un pays profondément marqué par le racisme, il est vital que ces personnes aient une plateforme d'expression, et écouter ces participantes raconter leurs histoires contribue à sensibiliser le grand public aux problèmes de racisme.
Merci RuPaul pour ce show incroyable, cette plongée inédite dans les milieux artistiques LGBTQ+, continue de t'améliorer et PITIE arrête de porter des chapeaux trop grands pour toi (les vrai.e.s savent).

Je pense que dans le drag et globalement partout où le regard queer laisse sa marque, on trouve une beauté unique, rare et précieuse. J'adore les maquillages sur les visages qui ne "devraient pas" en porter. J'adore les corsets, les jupes, les robes, les bijoux, les perruques. J'adore la haute couture. Il n'y a rien de plus beau qu'un mélange absolu, chaotique, et sincère de ces codes qu'on veut absolument séparer. L'art queer, c'est une fenêtre de fraîcheur dans un monde étouffant. C'est la voie vers un monde plus beau, plus libre, plus créatif.

Sources

https://www.youtube.com/watch?v=g2XQk-hTie0
https://www.youtube.com/watch?v=rJ3KDvB292A
https://www.youtube.com/watch?v=byIAdpIm6ho&t=1s

https://www.gaytimes.co.uk/culture/rupauls-drag-race-is-the-most-important-queer-tv-show-in-herstory-and-heres-why/

St Nicolas says Trans Right (St Nicolas défend les droits trans)

A Nancy (FIF la FIF), avant Noël, on fête la St Nicolas par un grand défilé de chars et d'artistes de rue (entre autres). Cet année, avec d'autres membres de the Agenda, nous y avons assisté (4h dans le froid, c'était intense). L'une des participantes du défilé était Joséphine, une machine représentant un dragon rose de 15 m de haut avec du rouge à lèvre et des faux cils. Lorsque le présentateur a interrogé la propriétaire de Joséphine (elle est belge, c'est important pour la suite), elle a expliquée : "un jour, le dragon s'est endormi, et quand elle s'est réveillée, elle se sentait plus femme. Alors on l'a rebaptisée Joséphine et on l'a repeinte en rose". Joséphine est donc trans, bravo à elle pour cette transition. Le présentateur n'a pas du tout tiqué, il a simplement conclu l'interview par "Et on applaudi Joséphine, car Joséphine est Belge !". Nancy, ville accueillante pour les personnes trans ?

En espérant que ce numéro vous a plu !
De gros bisous si consentis
Et à la prochaine !

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