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Commentaire : La question est posée dans le numéro de Mon quotidien du 11 mars 2016 reçu par nos chères têtes-d'un-peu-toutes-les-couleurs-et-de-tous-les-types-de cheveux abonnées au dit journal. A priori, l'article est bien et mentionne la notion d'esprit critique, encore difficile à comprendre pour une partie des petits lecteurs. On aurait bien sûr pu insister sur le fait que l'historien ne saurait croire sur parole ce qu'il lit, ce que beaucoup de gens se plaisent à croire. L'article reprend deux exemples, les Vikings en Amérique et la prise de la Bastille, pour expliquer qu'on peut toujours faire de nouvelles découvertes et qu'on peut interpréter différemment les événements. Une perle vient cependant tout gâcher. On trouve en bas de l'article, la question « Clovis 1er est-il le premier roi de France ? Vrai ou faux » Passons sur la forme du libellé de la question (vrai ou faux va avec une affirmation), ou sur l'aspect antipédagogique des exercices vrai ou faux. Ce qui frappe est la réponse fournie quand on retourne la page. Le quotidien indique ainsi « Vrai car c'est le premier roi du territoire qui est devenu la France ». Une telle réponse paraît d'une profondeur abyssale dans le sens négatif du terme. Outre que sa logique échappe à l'entendement (Clovis premier roi d'un territoire qui en compta d'autres et changea souvent), j'ai un peu de mal à retrouver la France actuelle dans le territoire de Clovis, plus encore chez ses successeurs. J'ouvre le numéro 358 de la revue l'Histoire (novembre 2010) consacré aux Mérovingiens et je cherche ce qu'en dit Dumézil (le jeune Bruno pas le vieux Georges). Le royaume de Clovis allait du Bassin parisien à l'Aquitaine et au Rhin, ce qui implique une partie de l'actuelle Belgique, du Luxembourg ou de l'actuelle rive gauche allemande. On sait qu'il prend ensuite des proportions différentes. Clovis premier roi de France ? C'est effectivement ce que nous racontèrent l'entourage des Capétiens et les archevêques de Reims plus d'un demi-millénaire plus tard. C'est toujours l'idée que s'en fait une frange de l'opinion plutôt passéiste et parfois rattachée à cette croyance par une tradition politico-religieuse hostile à toute histoire critique. Ce qui chagrine est que la caution intellectuelle fut naguère des nôtres. Qui qu'il soit, le journaliste ou la « conseillère historique », l'auteur de ce petit quizz a perdu une occasion d'éviter une énormité. Non, Clovis ne fut pas le premier roi de France même si les Capétiens, les archevêques de Reims et après eux les ultras, les ultramontains ou l'Action française se plurent à le répéter.

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